Aperçu du processus d’apprentissage naturel de la lecture

Tout jeune enfant a une aptitude extraordinaire au langage, qu’il soit oral ou écrit. Il absorbe les mots avec une facilité étonnante pourvu que ceux-ci soient intéressants à ses yeux. Pour le non-initié, il est surprenant de voir ainsi de jeunes enfants mémoriser des mots écrits avec une telle facilité et y trouver autant de plaisir. A ce stade, nommé “phase logographique” par la littérature scientifique, leurs repères sont uniquement graphiques (le tréma sur Noël, les “jambes” de papa) ce qui est normal. Mais il est surtout passionnant de les voir, spontanément, comparer les mots nouveaux avec ceux qu’ils ont en mémoire et remarquer des analogies. Par exemple, avec maman mamie moto, ils peuvent découvrir le son produit habituellement par la lettre m. Avec galette, dînette, cachette, poussette, ils vont découvrir qu’à un même groupe de lettres correspond une même sonorité. L’enfant apprend effectivement par inférence inductive, c’est-à-dire qu’il a besoin d’exemples pour découvrir une règle. Ainsi, il peut découvrir des correspondances entre l’écrit et l’oral et acquiert progressivement le “principe alphabétique”, en interaction avec l’adulte qui l’aide à classer ses mots et grâce au dialogue qu’il a lui-même amorcé. C’est aussi par inférence inductive qu’il comprendra la co-articulation des phonogrammes, c’est-à-dire que b+a = ba. En effet, c’est en s’amusant à classer des syllabes initiales -extraites de mots connus- selon la voyelle (maman, papa, cadeau….) et selon la consonne (maman, moto, minou…) qu’on mettra tous les enfants sur la voie de la compréhension de la fusion consonne-voyelle. Ils sont dès lors prêts à recevoir l’enseignement de l’école élémentaire. A l’âge de la maternelle, l’adulte est donc invité à donner des mots écrits qui intéressent l’enfant, à l’observer, à répondre à ses remarques, à l’aider à classer ses mots, à l’accompagner et asseoir ses découvertes. Aucun enseignement systématique, mais une aide à apprendre. L’enfant progresse parce que nous prenons en compte les aptitudes propres à son âge et que nous nous adaptons à son fonctionnement naturel. En un mot, nous le respectons. Françoise Boulanger

Les premiers mots

Comment initier votre enfant de 2 à 5 ans au langage écrit (la lecture) le plus naturellement possible et pour son plaisir ? Lisez-lui des histoires et tout ce qui l’intéresse! Cela représente 50 % de l’apprentissage.

Vous pouvez lui montrer son prénom que vous écrivez en lettres script : Alice

Utilisez l’alphabet script ci-dessous: a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z Pourquoi l’écriture scripte ?

  1. C’est celle que l’enfant retrouvera le plus souvent dans ses livres et il aime y reconnaître des mots connus.
  2. Elle comprend des accents, des points, des hampes et des jambages qui constituent autant de repères graphiques facilitant la reconnaissance des mots. En effet, au début celle-ci est uniquement liée au graphisme.  (C’est normal !)

Ensuite, vous lui donnerez des mots affectifs qui font partie de son univers comme: maman, papa, nounours, gâteau, tracteur… et surtout les mots qu’il vous demande. Un à la fois au début. Les mots doivent être écrits grand et surtout épais. Il ne nous est malheureusement plus possible de fournir les étiquettes mentionnées dans le livre page 44. Si vous écrivez à l’ordinateur, utilisez une police de type Avant Garde (Mac) ou Comic Sans MS (corps 72). Imprimez sur bristol A4 – 240 g  cinq mots par page (interligne 1,5) et découpez les étiquettes. Jouez à reconnaître les mots avec votre enfant et félicitez-le souvent. Ces renseignements sont donnés pour présenter un aperçu du début de la démarche. Il est tout à fait déconseillé de commencer avec votre enfant sans avoir lu le livre “Lire à 3 ans : c’est tout naturel” de Françoise Boulanger  (Editions Nathan) qui contient tous renseignements détaillés, fondements théoriques, jeux, réponses aux questions que vous vous posez. Lorsque l’enfant remarquera par exemple que “gâteau c’est comme cadeau” ou que vélo et voiture commencent “pareil” il pourra apprendre le son habituel de la lettre “v” ou de la suite eau. La réaction positive de l’adulte aux remarques de l’enfant est essentielle. On évoluera naturellement vers la construction de petites phrases qui concernent l’enfant.

Les correspondances lettres-sons

1. Lettre Lorsque l’enfant aura plusieurs mots commençant par la même lettre, il lui sera aisé d’appréhender le son qu’elle fait habituellement. Avec  maman – mamie – mouton, il pourra progressivement comprendre le son mmm  produit par cette lettre. En effet, l’enfant apprend depuis qu’il est né par inférence inductive, c’est à dire qu’il lui faut des exemples pour comprendre une règle.

2. Groupe de lettres L’enfant remarquera éventuellement que poussette c’est comme cachette. Profitons de cette remarque pour ouvrir la maison ette  dans laquelle on ajoutera les mots au fur et à mesure de leur rencontre.

   maison des ette

Accompagnons l’enfant dans sa découverte des correspondances lettres-sons en exploitant ses remarques. Avec  château – gâteau – cadeau  on pourra créer la maison eau, avec bonbon – mouton – camion, la maison on , etc. UNE SEULE REGLE: dans chaque maison, le même “écrit” correspond toujours à un même “oral”. On mettra par exemple, au fur et à mesure des besoins. Exemples: sapin – lapin – jardin dans la maison in. demain – pain – main – Romain dans la maison des ain

3. Approche de la syllabe Couper des mots bien connus en morceaux, oralement et avec des ciseaux: pa-pa, ma-man, pou-pée, ba-teau, ba-llon, cho-co-lat. Il faut couper par pulsions phonatoires et non en syllabes orthographiques.  Le but est de montrer à l’enfant quel écrit correspond à quel oral. Pour plus de détails et des jeux, se reporter au livre “Lire à 3 ans c’est tout naturel” de Françoise Boulanger (Éditions Nathan).

  Avec ce bagage, comprendre que b+a=ba lui sera aisé.  L’enfant sera bien armé pour entrer à l’école élémentaire.