Depuis 1994, de plus en plus d’enseignants ont adapté ma démarche à leurs classes (Voir le livre Entrer dans l’écrit en maternelle aux éditions Nathan) Les résultats et l’enthousiasme manifesté par les enfants les surprennent chaque jour; aucun ne reviendrait à ses anciennes pratiques.

Les jeunes enfants n’ont pas besoin d’une “méthode” pour commencer à apprendre à lire, mais de l’interaction chaleureuse avec l’adulte attentif, lui permettant d’aborder la langage écrit de manière naturelle dans la joie de la découverte et du jeu.

Faire la lecture à l’enfant et commenter les livres lus ensemble sont la base de tout apprentissage réussi de la lecture. Parallèlement aux étiquettes-prénom (en script) à côté de chaque portemanteau et sur le tableau des présences, la manière la plus naturelle et la plus efficace de les intéresser à l’écrit, est de donner à chaque enfant son prénom et des mots personnels appartenant à son univers affectif (papa, maman, nounours, gâteau, tracteur, …) écrits suffisamment gros (en script) sur des étiquettes, mots qu’ils mémorisent avec un facilité étonnante et un plaisir manifeste parce qu’ils sont intéressants à leurs yeux.

En classe, les enfants peuvent à un moment de la journée demander un mot qui leur plaît à l’enseignant, chaque enfant possédant sa boîte à mots personnelle.  Beaucoup de jeux sont possibles avec les mots et certains enfants mémorisent aussi ceux de leurs camarades.

C’est à partir de ces mots “personnels” que les enfants remarquent spontanément des analogies graphiques “Mathilde, c’est comme Marion – dans gâteau c’est pareil que dans cadeau” et plus tard des analogies sonores. Ces remarques sont l’amorce d’un dialogue intéressant et productif avec l’adulte qui les utilise afin de faire progresser les enfants dans la découverte naturelle du code de l’écrit. Il n’y a pas d’enseignement, mais interaction initiée par les enfants. Il est important de leur donner l’occasion d’exprimer leur créativité naturelle et d’y répondre.

Les jeunes enfants apprennent surtout par inférence inductive: ils ont besoin de plusieurs exemples afin de percevoir un concept : avec chapeau – cheval – chocolat  ils pourront appréhender la correspondance graphème-phonème ch. Les mots sont classés avec l’enfant selon leur lettre initiale et des collections de mots ayant les mêmes caractéristiques graphiques et sonores appelées “maisons” sont créées pour appuyer les remarques des enfants. Ils aiment trouver des mots contenant les mêmes lettres et produisant le même son.

Les enfants aiment faire des “puzzles de mots connus” (approche de la syllabe) et jouer avec des lettres mobiles avec lesquelles ils reproduisent leurs mots préférés.  Ils aiment écrire des phrases drôles.  Ces jeux leur permettent entre autres d’intégrer naturellement la progression gauche-droite.

Les enseignants expliquent en détail aux parents leur façon d’aborder le langage écrit (la lecture) à l’école et les invitent:

  • à lire des histoires aux enfants et tout écrit qui les intéressent,
  • à répondre à leurs remarques et questions au sujet des lettres et des mots qu’ils rencontrent à la maison (sur les produits de consommation par exemple) ou ailleurs.

Chaque enfant a son “cahier de vie” qui sert de lien entre l’école et la maison.  Il dicte de temps en temps à un membre de sa famille une phrase décrivant ce qu’il vit à la maison et qu’il a envie de partager (ex: Je suis allé chez mamie – j’ai planté des fleurs au jardin).  Les enfants illustrent ce cahier s’ils le souhaitent.  Aidés de l’enseignant, ils y décrivent ce qui se passe à l’école (message collectif). Les enfants sont incités à utiliser l’écrit de manière fonctionnelle (ex.: invitation à un anniversaire). Ils écrivent des lettres collectives à d’autres écoles.

Résultat? Ces enfants arrivent bien préparés à l’école élémentaire.  A l’âge de la maternelle, il nous importe de leur permettre d’utiliser leurs stratégies préférées d’apprentissage avant d’être confrontés à une “méthode” quelle qu’elle soit, les deux capacités minimales à l’entrée au CP étant – d’être capable de mémoriser visuellement des mots; – d’avoir compris qu’il y a une relation entre les lettres et les sons (le principe alphabétique).

Il est très important de garder à l’esprit : jeux, joie de la découverte et plaisir d’apprendre, observation et écoute positive de l’enfant, interaction naturelle avec l’adulte et les autres enfants.  C’est-à-dire : aucun enseignement formel, pas de signes phonétiques en maternelle, pas d’obligation mais une incitation à participer.

Bref, donner à l’enfant l’occasion de réaliser ses aptitudes naturelles, repérer et aider l’enfant en difficulté.

Disponible pour les enseignants

  • Une association a été créée en 2001 pour diffuser cette approche du langage écrit à l’école maternelle et aider les enseignants intéressés. http://lbdlmaternelle.free.fr
  • Un DVD « le bonheur de lire en maternelle » réalisé principalement dans une école maternelle est disponible à l’adresse courrier@lebonheurdelire.org