L’enfant peut-il être gêné par une méthode différente à l’école?

Jusqu’à présent il n’existait pas de coordination entre l’école maternelle et l’école primaire d’un même établissement et les parents ne s’en inquiétaient pas. L’apprentissage naturel de la lecture tel que nous le pratiquons permet à l’enfant d’être à l’aise au CP quelle que soit la méthode utilisée. Ce que nous proposons ne peut pas contrarier l’action de l’école maternelle ni ensuite celle de l’école primaire. Si l’institutrice de maternelle utilise par exemple une méthode gestuelle, cela amusera sans doute l’enfant sans qu’il subisse les inconvénients de cette pratique. Ce qu’il a appris de manière naturelle ne peut jamais le desservir. En règle générale, si l’institutrice utilise une méthode très synthétique (b,a,ba), je conseille d’aider l’enfant à lire le plus tôt possible des petits livres qui l’intéressent. Si au contraire, elle utilise une méthode très globale, je conseille de revoir parallèlement toutes les correspondances lettre(s)-son avec l’enfant.

Les gens pensent que je veux “pousser” mon enfant.

Il est beaucoup plus naturel d’apprendre à lire petit à petit, quand on en a envie et sans se presser, de manière adaptée à son développement cognitif et affectif, que d’être obligé d’apprendre à lire au CP où l’instituteur n’a d’autre issue que de “boucler” le programme. Il ne s’agit pas d’apprendre à lire avant les autres, mais de permettre à l’enfant de prendre tout son temps pour apprendre, en ne négligeant aucun des stades naturels – mais inéluctables- du processus d’appropriation du langage écrit. Il s’agit de ne pas mettre la charrue avant les bœufs et de respect du fonctionnement de l’enfant. Ne vous laissez pas influencer par votre entourage: seuls comptent le plaisir et la joie partagés avec votre enfant.

Mon enfant a un retard de langage. Puis-je utiliser cette démarche?

Ce sera encore plus profitable pour lui que pour un enfant qui n’a pas de difficultés. Je peux affirmer que tous les enfants ayant un problème de langage font des progrès sensibles en voyant les mots écrits (voir p. 68 et 168). Le plus dangereux serait d’attendre.

Mon enfant est dans une école Montessori.  Est-ce compatible ?

C’est tout à fait complémentaire. j’ai rencontré de nombreux montessoriens dans les stages.

Erwann qui a appris à lire avec sa mère selon mes conseils, est entré à l’école Montessori de Rennes, dans la classe qui correspond au CP, avec des enfants qui avaient déjà appris à déchiffrer.Il se trouve parfaitement à l’aise dans la classe.  La maîtresse dit qu’il a une lecture très fluide pour son âge et constate que la compréhension est parfaite. Le soir, on lui lit une histoire et il en relit une, seul dans son lit. Il lit spontanément environ une demi-heure et aurait beaucoup de mal à s’en passer.

Deux de mes petites-filles ont été inscrites pendant une année dans une école Montessori (maternelle qui a dû fermer faute de moyens). L’éducatrice, étonnée de leurs “capacités” m’avait demandé de la rencontrer et a modifié, tout en gardant l’esprit montessorien qui est aussi le mien, sa pratique pour l’acquisition de la lecture.

Nous parlons deux langues à la maison. laquelle faut-il utiliser pour apprendre à lire ?

L’enfant devrait apprendre à lire dans sa langue maternelle, celle qu’il connaît le mieux. Le transfert dans une autre langue alphabétique, celle de l’école, se fait facilement en CP. Si la langue maternelle n’est pas alphabétique, il est préférable que l’enfant apprenne à lire dans la langue de l’école.

Des petits Français ayant appris à lire dans leur langue maternelle avant le CP sont scolarisés normalement aux Etats-Unis où ils apprennent à lire l’anglais. (Lire L’Enfant bilingue, d’Elisabeth Deshays, Laffont, et L’enfant bilingue, de la petite enfance à l’école, de Ranka Bijeljac-Babic, Odile Jacob.)

Plusieurs personnes peuvent-elles aider l’enfant dans cet apprentissage ?

Certainement, pourvu que ce soit toujours fait dans une ambiance joyeuse et positive.Des enfants plus âgés s’occupent merveilleusement bien d’un plus jeune, s’ils vous ont observé auparavant. le jeune enfant ne sera généralement pas dérouté par une éventuelle réaction négative de leur part, qu’il n’accepterait pas de la vôtre.